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Pourquoi la rue de Rennes commence par le numéro 41 ?

Si vous avez un jour rendez-vous au n°1, 5, 12, 20 ou même 32 de la rue de Rennes (6e arrondissement), ne vous déplacez pas, vous ne trouverez jamais l’adresse recherchée ! Curiosité de l’histoire, cette rue commence en effet par le numéro… 41.

La création de la rue de Rennes date de l’époque des grands travaux Haussmanniens. L’objectif était d’ouvrir sur la ville l’ancienne gare Montparnasse, inaugurée en 1852, et d’ainsi faciliter son accès depuis le centre de la capitale. Il fut donc prévu de percer une grande voie qui irait de la Seine jusqu’à la gare.

Le premier tronçon de la rue de Rennes, allant de la gare jusqu’à la rue Notre-Dame-des-Champs, fut réalisé à partir de 1854. Le second, jusqu’au boulevard Saint-Germain, en 1868. C’est à cet endroit que se trouve le n°41 de la rue, débouchant sur l’église Saint-Germain-des-Près.

Rue de Rennes depuis le boulevard Raspail en 1877, State Library of Victoria

Et c’est au moment de finir le travail que les problèmes se sont succédés !

Au sein du gouvernement et de la municipalité, la fièvre Haussmannienne créait à la fin des années 1860 une opposition de plus en plus virulente. Le Baron fut finalement révoqué par Napoléon III en janvier 1870, et tous les travaux engagés dans la capitale réexaminés. À quoi s’ajoutèrent quelques mois plus tard la guerre contre la Prusse et, en 1871, la Commune de Paris

Finalement, à cause de la complexité et du coût du chantier – dont le projet consistait, ni plus ni moins, à couper dans l’Institut de France et la Monnaie de Paris –  le dernier tronçon qui devait prolonger la rue de Rennes depuis le boulevard Saint-Germain jusqu’à la Seine ne fut jamais entrepris. D’où l’absence de numéro avant le 41.

À noter qu’à Paris, les numéros d’une rue perpendiculaire à la Seine commencent du côté situé le plus proche du fleuve. C’est pour cette raison qu’il manque les premiers numéros de la rue de Rennes, et non les derniers (qui se trouvent donc eux vers la gare Montparnasse).

L’idée de la prolongation de la rue fut néanmoins débattue à de nombreuses reprises par la suite au Conseil de Paris, et des projets de prolongement ont été proposés jusqu’au début du 20e siècle. Dont cet étonnant pont en X qui devait relier la rue de Rennes à la rive droite, présenté en 1902 par l’architecte Eugéne Hénard.

Aucun de ces projets n’a vu le jour. Le vieux quartier de Saint-Germain-des-Près autour de la rue Bonaparte et de la rue Jacob a été préservé, et nous offre d’agréables balades dans le vieux Paris. Et, surtout, aucun pont en X ne vient entraver la magnifique perspective que l’on peut admirer depuis le Pont Neuf et la pointe de l’île de la Cité

Voir aussi : le projet fou de Le Corbusier auquel Paris a échappé
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