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Le télégraphe aérien, une invention parisienne

De tout temps, l’homme a cherché à communiquer à distance. Mais saviez-vous que le premier système de télécommunication fut le fruit d’un français, Claude Chappe, développé en pleine Révolution Française ? 

Né dans la Sarthe en 1763, Claude Chappe est le second d’une famille de 7 enfants, dont 5 garçons. Des frères qui resteront très proches tout au long de leur vie, et auront une passion commune : les sciences physiques.

Après des études à Rouen puis au Collège Royal de la Flèche, Chappe part s’installer à Paris pour y ouvrir un cabinet de physique. Malheureusement pour lui , la Révolution Française éclate peu après son arrivée et le condamne à retourner dans sa famille. Un mal pour un bien, car c’est  avec ses frères qu’il se remémore un vieux procédé inventé ensemble pour communiquer à distance lorsqu’il fut envoyé jeune dans un séminaire d’Angers. Chappe et ses frères se remettent alors à rêver d’une machine à signaux qui permettrait  de transmettre des informations à distance, et conçoivent ce qui deviendra plus tard le télégraphe aérien.

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Son système est assez simple. Sur des points situés en altitude pour être visible à la lunette, Chappe installe un poteau en forme d’échelle avec à son sommet 3 bras articulés : 1 bras mobile au centre et 2 autres à ses extrémités, commandés par des cordes et poulies.

Le télégraphe aérien fournit ainsi des figures géométriques visibles à la lunette, lesquelles renvoient à des mots et à des phrases selon un code bien spécifique, seulement connu par ses utilisateurs. Un vocabulaire qui à son apogée se présentera sous la forme d’un livre de 92 pages, et utilisera plus de 8000 mots.

Son invention en poche, Claude Chappe débarque à Paris en décembre 1791. Si au début pas grand monde ne s’intéresse à lui, le début des guerres contre les puissances européennes, et donc le besoin de communiquer rapidement à travers le pays, vont aider le jeune inventeur. En septembre 1792, il est autorisé à installer sa machine sur le point le plus haut de Paris : le Parc du Château de Ménilmontant, actuellement rue de Télégraphe (20e arrondissement).

Le 12 juillet 1793, il expérimente pour la première fois son télégraphe sur une longue distance, entre Ménilmontant et Saint-Martin-du-Tertre (95) via un poste relai à Écouen (95). Sur 25 kilomètres, le message sera transmis en 12 minutes à l’aller, et 9 au retour. Le succès est total, et Chappe est nommé ingénieur télégraphe par la Convention Nationale.

Alors que des révoltes monarchiques se déclarent en Vendée et que les frontières extérieures sont menacées, la première ligne sera installée entre Paris et Lille, puis d’autres fleuriront aux quatre coins du Pays. À Paris, des relais seront installées au Louvre, sur l’église Saint-Pierre de Montmartre, sur l’église Saint-Roch…

En 1840, la France comptera plus de 530 stations desservant 29 villes, et un message entre Paris et Lille sera transmis (par temps clair….) en quelques minutes seulement !

Malheureusement, Claude Chappe se suicidera le 23 janvier 1805  en se jetant dans un puits dans le jardin de son hôtel particulier, et ne verra pas l’extraordinaire expansion de son invention. La faute, peut-être, à une maladie incurable qui l’avait atteint, ou à Napoléon, qui ferma de nombreuses lignes pour des raisons économiques. 

Dans tous les cas, le télégraphe ne survécut pas au développement de l’électricité, qui remplaça les sémaphores de Chappe par des transmissions électriques.

Le télégraphe aérien aujourd’hui

Peu de vestiges de cette extraordinaire invention subsistent malheureusement aujourd’hui, mis à part la rue du Télégraphe à Belleville et sa station de métro éponyme, ou la rue Chappe, à Montmartre. Si un monument public à son effigie a été détruit lors de la Seconde Guerre mondiale, la tombe de l’inventeur, surmontée de son télégraphe à bras mobiles, est elle visible au Cimetière du Père-Lachaise.

Statue disparue, intersection du boulevard Saint-Germain et de la rue du Bac.
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