Vieux de plus de huit siècles, le Louvre et son architecture regorge d’histoires et d’anecdotes en tout genre. Il en est une, pourtant, que personne ne remarque. Et que n’avait d’ailleurs pas remarqué en son temps le principal intéressé, Napoléon III. Pour voir ce détail insolite, il faut se diriger vers la place du Carrousel et regarder vers les guichets du Louvre, grandes ouvertures voûtées qui donnent accès à la Seine.
Dirigez-vous vers le pavillon Lesdiguières et levez les yeux. Vous remarquerez à son sommet un lanternon surmonté d’une girouette. Ne voyez-vous rien d’anormal ? Cela ne saute pas aux yeux, mais les « N » qui entourent le lanternon sont tous à l’envers !
Simple erreur ?
La majeure partie de l’architecture que vous pouvez observer tout autour de vous lorsque vous vous trouvez entre la pyramide du Louvre et l’Arc de Triomphe du Carrousel date de Napoléon III. Plus grand bâtisseur (avec Louis XIV) de l’histoire du Louvre, il doubla la surface du Palais, fit reconstruire ou modifier les parties les plus anciennes, et tenta d’achever le projet mené par les rois de France depuis le 16e siècle. Malheureusement pour lui, la Commune de Paris et l’incendie du Palais des Tuileries empêcha la réalisation de ce Grand Dessein…
La démolition d’une partie de la Grande Galerie du Louvre (côté Seine) offre à l’architecte de Napoléon III, Lefuel, l’opportunité de bâtir un passage monumental pour circuler entre le palais et la Seine. Les guichets du Louvre sont construits, et le pavillon Lesdiguières est décoré avec le monogramme de Napoléon III, tout comme le pavillon Rohan, qui lui fait face, et qui donne accès à la rue de Rivoli.
Mais si le « N » du pavillon de Rohan est tout à fait normal, celui de Lesdiguières est, lui, inversé. Une « erreur » passée inaperçue plus d’un siècle, puisque c’est pendant les travaux réalisés sous François Mitterand qu’elle a été découverte !
Simple erreur ou oeuvre d’un artisan anti-napoléonien ? Rien n’est sûr, et la symbolique de ce « N » inversé est sujette à bien des interprétations. Certains y voient la volonté d’un ouvrier républicain de renverser le régime impérial, d’autre la simple expression d’une haine (« N ») envers l’Empereur.
Ne pourrions-nous pas voir au contraire ici une haine inversée, c’est-à-dire… de l’amour ? Et pourquoi pas !