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L’assassinat d’Henri IV rue de la Ferronnerie

La rue de la Ferronnerie, dans le 1er arrondissement, garde sur son pavé le souvenir d’un évènement majeur de l’histoire de France : l’assassinat d’Henri IV le 14 mai 1610. Une inscription que ne remarquent pas les milliers de passants qui foulent tous les jours le sol de cette rue historique, qui mérite pourtant que l’on s’y arrête. Car derrière cette simple plaque se cache une longue et passionnante histoire, où se mêlent religion, amour et pouvoir. Les ingrédients parfaits d’une fiction à succès, que dépasse pourtant de loin la réalité…

Le 14 mai 1610, Henri IV est au Louvre. La cour avait célébré la veille le couronnement de la reine, Marie de Médicis, en la Basilique Saint-Denis. Une cérémonie plus symbolique qu’autre chose, puisque les époux étaient mariés depuis 10 ans déjà. Mais Henri IV devait bientôt partir en guerre, et l’intronisation de sa femme devait lui offrir légitimité et pouvoir pendant son absence.

Une guerre de succesion…

Le Roi s’était en effet engagé dans une guerre de succession qui touchait des terres allemandes dans une zone stratégique de l’Europe, à la confluence du Rhin, de la Meuse et de la Ruhr. Et qui impliquait par voie de conséquence de nombreux pays limitrophes, dont les Pays-Bas espagnols, catholiques, dirigés par les Habsbourgs, principal ennemi de la France.

En 1609, le titulaire des duchés de Clèves et de Juliers (à quelques dizaines de kilomètres des frontières belges et hollandaises actuelles), le duc Jean-Guillaume, mourut sans héritier direct. Parmi les prétendants à la succession, Madrid soutenait les princes catholiques, Paris ceux protestants. Un pur jeu politique pour Henri IV qui s’était allié aux Provinces-Unies hollandaises, protestantes, qui avaient déclaré leur indépendance vis-à-vis de l’Espagne en 1581. Ceux qui n’avaient pas oublié le passé du roi, ancien chef de file protestant aux multiples conversions opportunistes (il s’est converti six fois), virent plutôt une supercherie supplémentaire destinée à faire tomber le catholicisme.

Bien qu’apaisée, la France restait en proie aux guerres de religion. Après des années de guerre civile, Henri IV avait réussi à se faire apprécier par une grande partie de la population, grâce notamment à une politique intérieure pacifique et des finances prospères. Mais tout cela était très fragile, et tout pouvait rapidement basculer…

… et de maitresse

Derrière la guerre de succession se cachait également une histoire d’amour. La confusion des genres était habituelle pour le Vert-Galant, pour qui amour et politique ont toujours été mêlés. Agé de 55 ans, il était tombé follement amoureux d’une jeune fille de 15 ans, Charlotte de Montmorency. Promise à un jeune et vaillant militaire, Henri IV préféra la marier à son neveu Henri II de Bourbon, qui avait la réputation d’être attiré par les hommes. Une qualité non négligeable pour le roi.

Sauf que rien ne se passa comme prévu ! Excédé par l’omniprésence royale, le prince partit avec son épouse hors de Paris… Et apprit que le roi n’était pas loin. Il alla ensuite en Picardie, où le roi, probablement un hasard, le suivit. Il décida alors de franchir la frontière du royaume avec sa jeune épouse et de se rendre à Bruxelles. Double trahison pour le roi, qui voit le couple se placer sous la protection de l’Espagne, alors que le franchissement des frontières par un prince de sang était interdite sans autorisation royale.

Malgré un climat de paix, une ambiance paisible dans le royaume de France depuis plusieurs années et des caisses plutôt bien remplies, Henri IV décide de partir en guerre. Le coeur a ses raisons que la raison ignore…

L’assassinat d’Henri IV

Après le sacre de la reine, donc, est prévue son entrée solennelle dans Paris, via la rue Saint-Denis. Ce 14 mai, Henri IV souhaite s’entretenir des derniers préparatifs de guerre avec son ministre et fidèle ami Sully, qui est malade et loge dans son cabinet de l’Arsenal. La route n’étant pas longue, il ne se fait accompagner que par quelques courtisans et valets. Le carrosse quitte le Louvre à 16h, et personne ne remarque qu’à la sortie du palais un étrange personnage à la barbe rousse les regarde étrangement.

La roi veut profiter de sa sortie pour voir les préparatifs de fête mis en place pour l’entrée de la reine dans la capitale et ouvre les petits rideaux de cuir de sa voiture (les véhicules n’ont pas de vitres à cette époque). Ils prennent le chemin de la Croix-du-Trahoir (aujourd’hui rue de l’Arbre-Sec), la rue Saint-Honoré, et s’engagent dans l’étroite rue de la Ferronnerie où deux charrettes, une chargée de vin et l’autre de fourrage, bloquent la rue. Le carrosse s’arrête au pied d’une auberge à l’enseigne du cœur couronné percé d’une flèche… Signe prémonitoire.

L’homme à la barbe rousse qui attendait devant le Louvre avait suivi le carrosse à pieds. Profitant de cette halte – et des rideaux ouverts – il sauta sur l’un des rayons de la roue du carrosse et asséna trois coups de couteaux au roi. L’assassin est aussitôt interpelé. Il s’appelle François Ravaillac. Convaincu que la guerre était dirigée contre le pape et les catholiques, et que le roi de France était resté fidèle au protestantisme, il affirmera pendant son procès avoir agi seul, accomplissant une mission divine. Il sera exécuté le 27 mai 1610 en place de Grève.

Un évènement qui se déroula à l’endroit exact où est située la plaque commémorative de la rue de la Ferronnerie.

 

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