Entre la rue Saint-Antoine et la Seine, le Marais regorge de somptueux hôtels particuliers, vestiges de l’époque où cette zone abritait une résidence royale : l’Hôtel Saint-Pol. Parmi eux, l’hôtel de Fieubet est, si ce n’est le plus beau, sans aucun doute le plus original. Transformé au 19e siècle dans un style que l’on pourrait qualifier de « néo-baroque », il est pour certains une offense au bâtiment d’origine, pour d’autres un somptueux témoin de liberté créative. Il ne laisse dans tous les cas personne insensible…
Petit historique
Jusqu’en 1622, Paris dépendait de l’archevêché de Sens. L’archevêque, qui passait plus de temps dans la capitale qu’en Bourgogne, avait une résidence située sur le quai des Célestins, que le roi Charles V racheta pour construire une demeure royale, l’Hôtel Saint-Pol.
Résidence royale et siège du gouvernement jusqu’au début du 15e siècle, il fut divisé en lots et vendu par François 1er. Après divers propriétaires, c’est Gaspard de Fieubet, un conseiller de la reine Marie-Thérèse d’Autriche, épouse de Louis XIV, qui racheta une partie des terrains en 1676.
L’hôtel des archevêques de Sens, construit après leur déménagement du quai des Célestins est quant à lui toujours visible à quelques centaines de mètres de là (rue du Figuier).
Les transformations de l’Hôtel Fieubet
Le Tout-Paris admire alors cet hôtel particulier, peut-être réaménagé (des doutes persistent…) par Jules Hardouin-Mansart, notamment les sphinges qui ornent l’entrée, qui sont parmi les premières à Paris.
Mais en 1850, un entrepreneur peu soucieux des beautés de l’architecture le rachète et le convertit en une grosse raffinerie de sucre, où les cheminées se mêlent aux décorations d’origine. C’est finalement le comte de La Valette, homme d’affaires et fondateur du journal L’Assemblée Nationale, qui le modifia dans un look baroque italo-espagnol en y ajoutant cariatides, statues, et ornements. Faute d’argent, il dut même renoncer à certains projets… Vu la profusion des décors, qu’est-ce que cela aurait été s’il avait été au bout de ses idées !
L’entrée située au numéro 2 est un parfait exemple de ce style chargé et plutôt insolite.
L’Hôtel Fieubet est depuis 1877 propriété de l’école privée Massillon. Quel bel édifice pour y recevoir un enseignement !