Insolite

Dettes et obsession de l’argent : les folles entreprises de Balzac

Monumentale fresque sociale du 19e siècle, la Comédie Humaine – qui comptabilise plus de 90 ouvrages – se concentre autour d’un thème principal : l’argent. Le personnage de Rastignac (Le père Goriot, 1835) est la première grande figure d’ascension où se mêlent pouvoir et fortune, tandis que les commerçants, banquiers, comtes et ducs sont des personnages récurrents. Et ce n’est pas un hasard, lorsque l’on sait que Balzac a été toute sa vie obsédé par l’argent. Une obsession qui a conduit l’écrivain à des entreprises pour le moins insolites…

Imprimerie et plantation d’ananas

En 1826, il fonde une imprimerie dans le quartier de Saint-Germain-des-Près, rue Visconti. Une plaque est aujourd’hui visible sur la façade de l’immeuble. Deux ans plus tard, Balzac ne peut plus payer ses créanciers ni payer ses ouvriers. Il se retire donc dans un appartement de la rue Cassini (14e arrondissement), sous un faux nom. Il y rédigera certains de ses romans les plus célèbres : Les Chouans (1829), La Peau de chagrin (1831) ou encore Le Père Goriot (1835). La Comédie humaine est lancée. Balzac écrira toute sa vie pour rembourser ses dettes.

Des créances qui ne l’empêchent pas d’avoir un train de vie digne des plus grandes fortunes de son temps ! Passionné par les beaux objets, il achète mobilier, tableaux et beaux vêtements. En 1834, il achète (à crédit… évidemment) à un orfèvre parisien une canne à pommeau d’or constellé du turquoises. Fasciné par l’aristocratie et la haute bourgeoisie, il ajoute à partir de 1836 la particule “de” à son nom (son père se nommait Bernard-François Balzac). Ses écrits lui coûtent également très chers. Il les corrige, annote et réécrit systématiquement, si bien qu’il doit sans cesse faire de nouvelles épreuves de ses  manuscrits. Bref, il n’a jamais un sou, et ses dettes, malgré sa plume fertile, ne font qu’augmenter.

Obligé de déménager régulièrement pour échapper à ses créanciers, il achète en 1837 une maison à Ville d’Avray (Hautes-Seine). Là, il imagina… Une plantation d’ananas ! En 1838, il fit un voyage en Sardaigne avec l’objectif d’investir dans une mine d’argent. Des expériences qui tournèrent court. Il dut revendre sa propriété en avril 1841, laissant derrière lui de nouvelles dettes.

Malgré ça, notons que Balzac était un véritable bourreau de travail, s’imposant un rythme d’ascète pour écrire. Il se couchait vers 20h et se réveillait pour écrire à minuit. Ses séances d’écriture pouvaient durer jusqu’à 8 ou 10h du matin, sans bouger de son bureau. On raconte même qu’il pouvait ingurgiter chaque nuit jusqu’à 50 tasses de café.

La maison de Balzac

L’un de ses derniers refuges fut la maison de Passy, située rue Raynouard (16e arrondissement), seule demeure de l’écrivain encore existante. Une maison qu’il choisit car elle avait l’avantage d’avoir deux entrées, et offrait donc la possibilité de s’enfuir si un créancier se présentait à l’une des portes ! Cette maison est aujourd’hui un musée consacré à l’écrivain.

En 1850, il épousa Evelyne Hanska, riche aristocrate avec qui il entretenait une liaison épistolaire depuis… 18 ans ! Ses problèmes d’argent devaient être réglés. Mais Balzac mourut 5 mois après leur union. La désormais Veuve Evelyne de Balzac prendra en charge les dettes de son mari. Ils reposent ensemble au cimetière du Père Lachaise.

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