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Petite histoire de la Butte Bergeyre, un village dans la ville

À quelques pas du parc des Buttes-Chaumont, la butte Bergeyre est un lieu unique à Paris. Petit village perché du 19e arrondissement, son cadre champêtre, son architecture Art déco et sa vue imprenable sur Montmartre en font un endroit à la fois insolite et romantique, idéal pour une balade à la découverte d’un Paris méconnu. Un petit village dont l’histoire est étroitement liée au passé ouvrier et populaire du 19e arrondissement.

Située à l’emplacement d’anciennes carrières de gypse, d’où était extrait depuis l’Antiquité cette roche servant à fabriquer du plâtre, la butte Bergeyre ne fut lotie que très tardivement, dans la première moitié du 20e siècle. Quelques rues aux alentours, comme la rue des chaufourniers ou le passage des fours à chaux, sont les derniers témoins de ce passé révolu.

Après extraction, le gypse était cuit dans des fours puis broyé. Le plâtre est le résultat de cette poudre mélangée à de l’eau.

Annexé à Paris en 1860, le quartier subit de profondes transformations. Mais le parc des Buttes-Chaumont concentra toutes les attentions de l’Empereur et du préfet Haussmann, et la butte Bergeyre, séparée du parc par la rue Manin, fut utilisée jusque dans les années 1900 comme simple pâturage.

L’urbanisation du quartier démarra au début du 20e siècle avec la fondation Rothschild – toujours visible aujourd’hui – tandis que celle que l’on n’appelait encore que « la vieille Butte » restait dans son état sauvage. En 1909, une société eut l’idée d’utiliser une partie de ce terrain vague pour y établir un parc d’attraction, les « Folles Buttes ».

Paris, dans cette période de Belle Époque, est l’une des capitales mondiales du divertissement et des innovations techniques. L’heure est à l’insouciance et à la joie de vivre. Tout comme les premiers cabarets, cinémas et grands cafés, les parcs d’attractions participent à cette image d’art de vivre « à la française ». Un progrès dont souhaite profiter les Folles Buttes.

Tour avec rampe hélicoïdale, salle de bal, manèges, maison hantée, chalets de curiosités… Les distractions ne manquent pas. Le parc connait un succès important jusqu’à la Première Guerre mondiale, après quoi son activité déclinera, jusqu’à disparaitre en 1926.

Jusqu’à la Première Guerre mondiale, justement, le sommet de la butte n’avait jamais été aménagé. Le Sporting Club de Vaugirard, club du 15e arrondissement de Paris dont le stade avait été réquisitionné par l’armée à l’approche de la guerre, cherchait un nouveau terrain. Le club décide de s’installer sur la vieille butte, et fait construire un stade de 15.000 places. Des travaux monumentaux sont entrepris pour aplanir le sol, qui s’arrêteront quelques jours avant la guerre.

L’inauguration du stade eut lieu le 18 août 1918, appelé stade Bergeyre en hommage à Robert Bergeyre, joueur de Rugby du Sporting Club mort au combat à l’âge de 20 ans. La vieille butte devient butte Bergeyre.

Le stade Bergeyre, complexe sportif très moderne pour l’époque, accueillit des compétitions de football, de rugby, d’athlétisme, et fut même l’un des sites utilisés lors des Jeux Olympiques de Paris en 1924. Mais le sol, rattrapé par son passé de carrière, était trop instable, et nécessitait des coûts trop importants d’entretien. Il fut rasé en 1926, à peu près en même temps que les Folles Buttes.

Un terrain à nouveau vacant dont le potentiel attira cette fois l’oeil de promoteurs immobiliers, qui firent construire, contraintes du sol obligent, de petits pavillons, tandis que tout autour de la butte étaient élevés de grands immeubles, moins charmants, mais qui, en l’isolant, lui offrent son charme si particulier.

Un charme qui n’a pas bougé depuis…

 

À découvrir seul en balade ou lors de nos visites guidées à la découverte du quartier des Buttes-Chaumont

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